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A long and not always explicit reference to The Secret of the West by Arnaud Parienty in November 2004 in Paris-based magazine "Alternatives Economiques", a high-standard, innovative, general public economic magazine.
A.Parienty: "Pourquoi certains pays se développent-ils et d'autres pas?", Alternatives Economiques, Nov 2004, no230, pp.68-71).
Typed from paper version in Aug 06. Source

Other articles by Arnaud Parienty on this site: article1 (May1998), article2 (Nov1998).
The Secret of the West
Cosandey



Pourquoi certains pays se développent-ils et d’autres pas ?


Derrière la question du développement ou non de certains pays se trouvent celles de l’inégalité entre nations et de l’origine de la croissance. Comme le dit Robert Lucas: « Les conséquences que les réponses à ces questions entraîent pour le bien-être humain sont immenses ; si l’on commence à y réfléchir, il devient impossible de penser à autre chose» (1).
On a longtemps cherché des réponses du côté de la géographie, certains pays ayant plus de ressources que d’autres ou étant mieux situés. Il faut aussi tenir compte de la taille des marchés et de l’intégration à l’économie mondiale. Enfin, un rôle essentiel est tenu par les institutions, terme commode pour désigner une grande variété de facteurs.




Par Arnaud Parienty

1. L’INFLUENCE DE LA GEOGRAPHIE

Pendant longtemps, les économistes en sont restés au constat qu’il faut combiner intelligemment des ressources (de la terre, des outils, du travail, des techniques) pour produire. Cette explication est dite endogène, en ce sens que ce sont des facteurs économiques qui expliquent le développement économique. Il faut bien constater qu’elle ne permet pas de comprendre l’inégalité du développement dans le monde. Pour aller plus loin, il faut recourir à des explications exogènes, introduire des facteurs qui ne sont pas purement économiques. On se propose ici de présenter trois facteurs essentiels, sans prétendre pour autant à l’exhaustivité.
La géographie intervient de plusieurs façons. Les pays enclavés ont en général une croissance plus faible que les pays côtiers, surtout s’ils sont de petite taille. Une étude de Harvard estime que les pays non européens côtiers ont aujourd’hui des revenus triples de ceux des pays enclavés (2). Ces différences renvoient évidemment au rôle des échanges. De manière plus générale, l’éloignement par rapport aux principaux foyers de développement peut rendre la croissance plus difficile en augmentant les coûts de transport ou en réduisant la concurrence.
D’autre part, la configuration des territoires s’est révélée plus ou moins propice à l’émergence d’entités politiques indépendantes. Par exemple,
le relief et la forme de l’Europe ont facilité la constitution de plusieurs Etats distincts, protégés par des frontières naturelles. Ailleurs, les conditions géographiques ont été plus favorables à l’installation d’un empire ou à l’émiettement et à l’instabilité politiques. La situation européenne est la plus favorable au développement, car un Etat fort et stable est essentiel, mais il faut aussi que son pouvoir soit limité. La concurrence entre Etats, ou «pluripolitie», selon l’expression de Jean Baechler, joue ce rôle, car un entrepreneur, un savant ou un inventeur persécuté par l’Etat pourra trouver refuge dans un pays voisin. David Cosandey (3) cite l’exemple de l’inventeur de la navette volante, pourchassé en Angleterre car son invention menaçait l’emploi, qui trouva refuge en France où il put développer son procédé.
Enfin, certains pays disposent de ressources plus abondantes que d’autres. Cet argument paraît évident, mais il est pourtant fragile. D’abord, parce qu’il est facile de trouver des contre-exemples, de la réussite du Japon aux difficultés du Congo. Ensuite, parce que des ressources naturelles vendables, si elles peuvent enrichir provisoirement un pays, ne suffisent pas à mener au développement, comme l'illustre le cas des pays pétroliers. L’affectation efficace des revenus tirés de telles ressources n’est en effet nullement évidente. Il est au moins aussi important
que le climat et la terre permettent une agriculture relativement intensive, source d’une forte densité de population favorable aux échanges et à la division du travail. D’autres relations ont pu être observées : une agriculture intensive en travail prépare aux exigences du travail industriel, la maîtrise de l’eau dans les «civilisations hydrauliques» implique la cohésion d’un effort collectif (riziculture asiatique, par exemple).
En revanche, l’hypothèse selon laquelle certains climats seraient «émollients» et d’autres propices à l’effort (hypothèse qui peut rapidement dériver sur l’idée que la paresse et l’insouciance expliquent le sous-développement!) a été testée, en comparant distance à l’équateur et degré de développement, et écartée.
Le facteur géographique, conjugué aux accidents historiques, n’est donc pas négligeable, surtout lorsqu’il s’agit d’expliquer les débuts de développement. Il est toutefois probable que ce rôle soit moins important de nos jours, ne serait-ce que du fait des changements techniques.



2. TAILLE DES MARCHES ET OUVERTURE


(…)


3. LE ROLE DES INSTITUTIONS


(…)




(1) Dans « The Mechanics of Economic Development », Journal of Monetary Economics, juillet 1998.

(2) ww.cid.harvard.edu/caer2/htm/content/papers/bns/dp39bn.htm.

(3) Dans Le secret de l’Occident, éd. Arléa, 1997. Dans un essai très stimulant, David Cosandey fait de la géographie l’explication ultime du développement de l’Europe.