Anglais

Accueil

Une référence enthousiaste au Secret de l'Occident (1997), publiée en 2002 par Abdellatif Bouchra, à Casablanca, dans son ouvrage sur le développement scientifique du Maroc.
(Abdellatif Bouchra: SM Mohammed VI et la Renaissance scientifique du Maroc, Casablanca, 2002, rééd déc 2004).

Copie de la version internet mars 2010. Version PDF.
Théorie du miracle européen
Cosandey





SM Mohammed VI et la renaissance scientifique du Maroc

Abdellatif Bouchra

EXTRAIT DU CHAPITRE "Science et Démocratie":

(...)

     Donc, pour un pays qui doit rattraper un grand retard dans son développement, le bricolage dans le domaine de la science et de l'éducation crée souvent plus de problèmes qu'il n'en résout.

     C'est pour cette raison qu'on se demande (et non à tort): pourquoi les nations dites «civilisées», tout leur réussit, et pas nous ?

     La réponse éclair d'une bonne part des individus des pays sous-développés et de la plupart des pays développés à cette question est que les individus de ces derniers ont un niveau d'intelligence supérieur, en quelque sorte leurs intelligences et notre bêtise sont toutes les deux génétiques.

     Heureusement, cette réponse est totalement fausse à cause de l'ignorance des premiers et de l'arrogante hypocrisie des derniers, car si leur intelligence est génétique, où alors était cette génétique pendant des millénaires quand les autres nations indiennes, chinoses et musulmanes – à leurs belles époques – enseignaient science et pilosophie au reste du monde et eux, à cette époque-là, pataugeaient dans l'ignorance et l'anonymat.

     Et comme l'a si bien dit et prouvé David Cosandey, le célèbre auteur du fameux livre «Le Secret de l'Occident» (5) qui essaie de résoudre l'énigme de l'avance technologique exceptionnelle de l'Europe: 

     « Ce n'est pas parce que nous avons telle religion ou que nous appartenons une telle ethnie que nous pouvons nous féliciter de notre avance technologique. »
     « C'est la situation géographique de l'Europe, le découpage de son littoral grâce auquel des condtions politiques et économiques favorables ont pu être préservées longtemps, qui ont fourni l'avantage décisif, et rien d'autre. (...) L'Europe occidentale, contrairement au reste du monde, a réuni sur une durée exceptionnellement longue – près de mille ans – deux conditions nécessaires à un fort développement scientifique et technologique. Il s'agit d'une part, et en résumant massivement, d'une situation économique favorable. Celle-ci permet de dégager un surplus économique et de financer ainsi une activité à première vue [en fait, à court terme] improductive : celle des savants. Dans ces périodes prospères, les commerçants, habiles compteurs et toujours intéressés par des technologies susceptibles d'augmenter leur chiffre d'affaires, deviennent d'ailleurs eux-mêmes un moteur pour la science. »
     « L'autre facteur est la division politique stable et durable : la coexistence de plusieurs Etats de longue durée, se livrant une compétition permanente. Effet positif de cette situation : la multiplicité des législations. Ce qui est impossible dans un pays peut être permis dans un autre (Christophe Colomb a vu son projet refusé par la couronne du Portugal, mais accepté par celle d'Espagne). De plus, les gouvernements à la recherche de prestige s'arrachent les meilleurs savants. Les conditions de travail et donc l'efficacité de ceux-ci n'en deviennent que meilleures. Cette rivalité est aussi une importante cause de guerre mais, il faut bien se l'avouer, celle-ci a toujours considérablement dopé les progrès techniques. » (6)

     Cet universitaire met l'accent sur le facteur Homme qui crée un environnement favorable, et que cet environnement le lui rend si bien et non sur une hypothétique supériorité de la race ou de la religion [européennes].

     Donc les hommes sur Terre sont à peu près égaux devant l'intelligence – Dieu merci – et le seul facteur responsable de cette différence est le facteur socioculturel qui favorise l'épanouissement de l'intelligence individuelle et lui donne plus de souffle et plus d'espace pour s'exprimer.

     Il lui permet de crérer un espace de liberté d'expression et d'action qui favoriserait une réelle compétitivité entr les individus de cette société et des défis à relever qu'ils se lancent mutuellement.

     Cet espace de liberté permet à coup sûr de faire reculer les frontières de l'intelligence individuelle et sans laquelle l'intelligence des individus resterait à son niveau basique.

     Une fois cet espace de liberté devenu réel et régi par des lois et une morale connue et reconnue majoritairement, un autre type d'intelligence voit le jour progressivement, c'est l'intelligence sociétale, qui a l'avantage de synchroniser toutes les intelligences individuelles pour une action harmonieuse vers le progrès et c'est cette intelligence qui est le vrai responsable de l'aboutissement des projets et ambitions – dans les pays développés – et qui arrivent presque toujours à voir le jour contrairemnet à ce qui se passe chez nous.

     Depuis toujours, je me suis demandé pourquoi les grandes idées – sous nos latitudes – font fausse route chez nous. Sommes-nous moins nantis en matière grise que les individus des pays développés ?

(...)



–––––

5 – Le Secret de l'Occident, du miracle passé au marasme présent (Paris, Arléa).

6 – "Journal de Genève", novembre 1997.





Créé 23 aoû 2010 – Derniers changements: 01 sep 2010